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1931, premier dessin publié connu. 

Lorsque Paul-Jacques Bonzon fut admis au sanatorium de Sainte-Feyre, dans le département de la Creuse, lien, en octobre 1928, l’Association des instituteurs en congés de longue durée (A.C.L.D.) avait un an. Cette Association était le porte-parole des malades. Elle se dota d’un bulletin dont le premier numéro est daté du 1er octobre 1931. Il se voulait « un instrument de réconfort moral pour tous nos camarades qu’a touchés la maladie. C’est pourquoi nous l’avons intitulé « Par l’Effort » car c’est bien Par l’Effort que chacun guérira, effort contre la maladie, effort pour nos revendications, efforts qui font naître l’espérance. » Ainsi s’exprimait le président Marcel Ribes, au nom du comité de rédaction[1].

Au moment de la parution de se premier numéro, Paul-Jacques Bonzon était sur le point de rejoindre le second établissement situé à Saint-Jean-d’Aulps dans le département de Haute-Savoie que venait d’acquérir l’Union des sociétés de secours mutuels. 

Connu pour ses talents de dessinateur, il fut pressenti pour accompagner le bulletin de dessins humoristiques. “Eugène, le dompteur de cobayes” est donc le premier dessin de ce genre signé “PJ Bonzon”. Il s’agit en la circonstance de l’apothicaire du sanatorium de Sainte-Feyre. La pharmacie était un lieu stratégique et le personnage avait la sympathie des résidents. D’autant que selon les informations que nous avons recueillies sur place en 2006, l’établissement ne comportait qu’une seule pharmacie. L’établissement étant mixte, c’était donc un lieu de rencontre commode. 

Outre le dessin proprement dit qui révèle un crayon au trait sarcastique qui sera la marque de tous les dessins à venir illustrant le bulletin, l’auteur profite de l’occasion pour se faire connaître. “Le camarade Bonzon nous communique qu’il met en vente quelques petites toiles, notamment plusieurs paysages Creusois. S’adresser à lui, au Sana”.

Paul-Jacques Bonzon non seulement dessine mais il peint également. C’est un talent qui lui est reconnu dès ses premières années de scolarité. En 1924, âgé de 16 ans, élève de l’école primaire supérieure de Saint-Lô, il fréquentait l’école municipale de dessin de la ville dirigée par M. Niclous, aussi professeur de dessin de l’EPS et de l’école normale, Paul Bonzon (l’accolement des deux prénoms, viendra plus tard), obtint le prix des arts appliqués pour la réalisation d’une frise de cuisine. Journal de la Manche et de la Basse-Normandie du 26 janvier 1924.

Une telle annonce pour vendre ses toiles peut être entendue comme à une aspiration personnelle de reconnaissance mais peut aussi répondre à une nécessité économique.  Certes, il est normalien et dispose d’un engagement décennal avec l’Etat. Mais lorsqu’il est admis, en 1928, il est stagiaire et n’a pas eu le temps de satisfaire à la reconnaissance professionnelle en situation devant un jury pour obtenir le certificat d’aptitude professionnelle, le C.A.P. Durant ses cinq années et demi de séjour en sanatorium, il sera appointé comme stagiaire et ne pourra bénéficier de l’avancement de carrière. Il bénéficiera également des quelques secours apportés par la Société départementale des secours mutuels de la Manche. Néanmoins, ce ne sera pas suffisant pour vivre d’autant que dans ces années-là, après la crise de 1929, le cours de la vie ne cesse d’augmenter. La vente de toiles, la vente de dessins qui vont devenir des cartes postales organisées en séries, constituent des appoints non négligeables. 

Ce dessin est donc le premier publié connu. Il en existe probablement d’autres. Nous savons qu’il en faisait à l’école normale d’instituteurs de Saint-Lô. C’était une tradition. Selon un courrier daté du 10 février 1936 d’Espeluche dans la Drôme, retrouvé aux Archives de la Manche, adressé au directeur, il en a proposé quelques-uns pour exposer lors des fêtes du centenaire de l’école normale, à côté de ceux de ses camarades. Ces dessins lui ont été restitués. 

Yves Marion, 30 avril 2020.

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